Les chefs traditionnels occupent une place de choix dans le pays. Gardiens des us et coutumes, ils ont pour mission de veiller à l’harmonie et à la cohésion sociale, facteurs essentiels pour un développement harmonieux.
S’il est vrai que le respect de la tradition doit aller de pair avec la protection des droits de l’homme, il se fait malheureusement que dans plusieurs localités du pays, nombre de pratiques traditionnelles sont sources de violation des droits de l’homme et d’atteinte à la dignité humaine. Pour lutter efficacement contre ce phénomène, il est indispensable de mettre à contribution les chefs traditionnels qui incarnent la tradition, ce qui justifie le choix du thème : « Rôle et responsabilité de la chefferie traditionnelle dans la protection des droits de l’homme ».
La communication a été présentée par le Juge AYIM Palamwé, Membre de la CNDH. Après avoir rappelé le statut de la chefferie traditionnelle au Togo, et les différentes catégories de droits de l’homme, notamment les droits civils et politiques (1eregénération), les droits économiques sociaux et culturels (2e génération) et les droits dits de solidarité (3ème génération), le conférencier a insisté sur l’appropriation des droits de l’homme par les chefs traditionnels, condition sine qua non d’une meilleure administration des populations. Selon lui, à travers les décisions rendues par les chefs traditionnels, l’on devra percevoir une certaine volonté de respecter non seulement les us et coutumes, mais aussi les droits de l’homme. Ainsi a dit M. AYIM, les coutumes doivent être débarrassées des pratiques jugées contraires ou attentatoires aux droits de l’homme et à la dignité de la personne humaine, notamment l’ordalie, les rites de veuvage dans certains milieux, le sororat, le lévirat, l’excision, le trafic d’enfants, etc.
En ouvrant les travaux, le Président de la CNDH, Maître de Conférences, Alilou Sam-Dja CISSE a invité les chefs traditionnels à éviter ce que le Haut Commissariat des Nations Unies aux droits de l’Homme appelle « le piège des pratiques préjudiciables », c’est-à-dire les pratiques qui portent atteinte à la dignité humaine et qui dénigrent les traditions dont elles se réclament. Ce sont des exemples d’appauvrissements culturels, a-t-il dit. Ces pratiques touchent particulièrement les femmes, les enfants et les personnes âgées, et entrainent des séries de discriminations multiples catastrophiques pour les personnes concernées et une « déculturation » de l’ensemble de la société, a rappelé le Président CISSE.
Pour leur part, le Préfet de Haho Monsieur AWO TCHANGANI et le Président de l’Union des Chefs Traditionnels du Togo, Togbui Ewéfiaga AGBOLI AGOKOLI IV se sont réjouis du choix porté sur Notsé, cité historique des peuples EWE pour abriter cette rencontre. Ils ont surtout remercié la CNDH pour cette initiative louable et invité les chefs traditionnels du Haho à veiller au respect des droits au sein de leurs communautés respectives.